jeudi 7 octobre 2010

Quand les rats nous mangent

02.11.09
Incomplet, mais j'ai la phrase finale, qui révèle pas tant de punch alors je la mets!

« Grosse poule, pense-t-il amoureusement. Caquèt’ tojours, plume-toé ’es seins. Hulule-moé des cochonn’ries avec ta belle voé d’femme ténor. »

Sa tête dodeline, gauche-droite, gauche-droite, comme un petit dindon en appétit. Il lave la vaisselle en sifflotant, agile de ses narines et habile de sa langue, qu’il claque au rythme de ses frottements savonneux. L’expression « heureux comme un coq en pâte » l’excite, d’autant plus que sa tendre adorée se réchauffe en vocalises dans la maison avoisinante, et qu’il ne cesse de la comparer à une volaille, grasse, douce, bruyante et sans cervelle. « A va voér comme que ch’t’un cordon bleu quand j’m’y donne, anticipe-t-il allègrement. A va s’étouffer sus mon rôti d’menou! »

Pierrot Dansereau ricane et postillonne tel un écolier articulant à travers un appareil dentaire. Effectivement, ce n’est pas l’intense attirance sexuelle qu’il éprouve envers sa voisine qui lui ôterait ses envies à la limite du meurtre prémédité. Pierrot est un fier chansonnier, mais il ne sait chanter. En fait, il se borne à siffler comme un bon – c’en est devenu sa profession. À l’égard de madame Chambly, il voue respect et jalousie : c’est elle, la Mélodie de Blainville, la Castafiore des Laurentides.

« Si un menou t’bloqu’rait dans’gorge, espère-t-il avidement, sacrament! Que j’s’rais heurrreux! » Il essuie, la langue sortie, les éclaboussures de Dawn tachant sa salopette. « J’te fa la cour a’soér, ma belle oiselle dodue! »

Son bout de ménage accompli, Pierrot monte voir son épouse alitée depuis deux jours. « Tu sens la lane mouillée, chére, lui propose-t-il comme salutation. Tu files-tu bein, puce? » Il sait se faire plus tendre dans sa jasette, mais tout ça est involontaire. Tout ce qui lui trotte dans la tête se rapporte au rendez-vous qu’il a lancé à la starlette d’à côté, évènement dont il a déjà concocté le dénouement. C’était tout de même facile d’entrer en contact avec la vedette, car ils se croisent sur la chaussée assez souvent, puis elle échange quelques bonnes recettes avec madame Dansereau.

Depuis une heure, le menu du siffleur crépite dans le four ou se dégonfle au réfrigérateur.

[. . .]
c'est le bout que j'ai jamais encore écrit

« C’est toé qui sait pas popoter, gran’t’épas! »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire